Créé à l'initiative de Julia Kristeva à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance de Simone de Beauvoir (1908-2008), le Prix « Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes » se propose de récompenser l’œuvre et l’action exceptionnelles de femmes et d’hommes qui, dans l’esprit de Simone de Beauvoir, contribuent à promouvoir la liberté des femmes dans le monde.
mardi 16 février 2010
Discours de remise du Prix Simone de Beauvoir
Discours de remise du Prix Simone de Beauvoir
Par Julia Kristeva
Le 11 janvier 2010, Les Deux-Magots
Puisque les « chances de l’individu » ne se définissent pas en termes de bonheur mais en termes de liberté » ; puisque « nous sommes libres de transcender toute transcendance, mais [que] cet ‘ailleurs’ est encore au sein de notre condition humaine » ; puisque la liberté elle-même, en raison des ambiguïtés et des risques qu’elle entraîne « doit contester en son propre nom les moyens dont elle use pour se conquérir » ; puisque, enfin, la liberté bouscule les codes communautaires et ne se conjugue qu’au singulier, « Pour que ce monde ait quelque importance, pour que nos entreprises aient un sens et méritent des sacrifices, il faut que nous affirmions le sens de la dignité de chaque homme, [de chaque femme], pris un à un [une à une]… », écrit Simone de Beauvoir.
Et bien que la dignité, la créativité et les droits des femmes progressent dans les démocraties avancées, mais sont encore loin d’être respectés comme une valeur universelle (la « cause nationale », récemment proclamée en France contre la « violence faite aux femmes » en est la preuve) ;
Force est de reconnaître que le curseur du combat pour les droits des femmes se déplace désormais dans les pays en voie de développement et les pays dits émergeants.
Conscient de cette donnée qui est en passe de devenir décisive pour l’avenir des droits de l’homme dans la globalisation, le Jury du Prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes (financé par les Editions Gallimard, CulturesFrance et le Centre National du Livre, et doté de 30 000 euros) a attribué le Prix 2008 à Mmes Taslima Nasreen et Ayaan Hirsi Ali, deux femmes condamnées à mort par les intégristes islamistes ; et le Prix 2009 à l’ONG « One million signatures », mobilisée pour réunir un million de signatures en faveur des droits des femmes en Iran, et qui fut remis à la grand poétesse iranienne Mme Simim Behbahani.
Le prix 2010 est attribué à deux femmes chinoises : Mmes AI Xiaoming et GUO Jianmei.
Le Jury avait déjà arrêté sa décision lorsque nous avons appris que le dissident Liu Xiaobo, écrivain et ancien professeur à l’université, un des auteurs de la Charte 08 pour les Droits de l’homme, vient d’être condamné à 11 ans de prison. Dans ce contexte AI Xiaoming et GUO Jianmei ont la ténacité et le génie de poursuivre patiemment et avec détermination leur action pour les droits des femmes. En leur remettant cette distinction, le jury entend contribuer à mobiliser la solidarité internationale, pour réaffirmer le droit des femmes, garantir la protection de celles qui luttent aujourd’hui au risque de leurs vies, et défendre à leurs côtés les idéaux d’égalité et de paix.
Il convient de rappeler que Simone de Beauvoir fut parmi les premiers intellectuels occidentaux à visiter la Chine en septembre-octobre 1955, La Longue Marche étant publié chez Gallimard en 1957. Reportage sur le vif et essai d’explication d’un pays mystérieux et en plein développement, que l’auteur salue avec enthousiasme, le livre de Beauvoir est-il un « voyage en utopie », une ruée vers une nouvelle Terre promise après les déceptions du communisme soviétique, voire de l’Occident dans son ensemble? Le pathos de Beauvoir le laisse penser. Pourtant, sans avoir les moyens linguistiques, ethnologiques et anthropologiques propres à élucider les particularités du continent chinois, il semble que l’écrivain se donne un seul objectif : celui de nous léguer un grand point d’interrogation à l’endroit de cette altérité émergeante, de nous transmettre sa propre solidarité passionnelle avec « ceux qui luttent durement pour édifier un monde humain ». Afin que nous continuions à penser, aimer et interroger dans notre propre « longue marche » à nous.
Vous comprenez donc que le Prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes 2010 décerné aujourd’hui à Mmes Ai et Guo est une reconnaissance des réalisations et de la créativité des femmes chinoises, mais aussi un signal envoyé à celles et ceux qui, hors de Chine, suivent avec une immense solidarité leur combat pour le droit des femmes et des hommes. Le Prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes 2010 enfin, est un message à nous autres, intellectuels et politologues, femmes et hommes du monde globalisé, qu’il invite à mieux connaître, pour mieux les interpréter, les spécificités de la civilisation chinoise toujours énigmatiques pour notre raison métaphysique. Il nous reste à nous aussi une « longue marche » à accomplir, que la génération après Simone de Beauvoir a entreprise, à ses risques et périls, et dont j’essaierai de témoigner, avec d’autres, à la conférence-débat qui se tiendra à l’Université Paris Diderot, le 12 janvier à 17h. Pour éviter de figer ces particularités chinoises en Terre promise, et de les brandir en guise d’excuses faciles et de démission irresponsable face aux crimes contre les libertés fondamentales ; pour éviter aussi de négliger la diversité chinoise, comme le font ceux qui tentent d’imposer de l’extérieur nos conceptions de la démocratie et des droits de l’homme et de la femme ; mais pour travailler ensemble, avec les femmes et les hommes de cette grande puissance de demain et déjà d’aujourd’hui, comme Xiaoming Ai et Jianmei Guo ; pour mieux promouvoir ces droits universels, qui ne sont jamais mieux à la portée de tous que s’ils prennent en considération chaque civilisation, chaque individu et le moment précis de leur histoire concrète.
Julia Kristeva
Ouvrir les yeux les uns sur les autres
« Ouvrir les yeux les uns sur les autres.
Texte écrit avant la projection »
AI Xiaoming
[Mme AI est lauréate du Prix Simone de Beauvoir 2010. Une rencontre était organisée le 12 janvier 2010 à l’Université Paris Diderot. Ne pouvant être présente sur place, Mme AI a fait parvenir ce texte]
J’ignore quel film a été projeté. Depuis 2004, je collabore avec le producteur indépendant Hu Jie et ensemble nous avons réalisé plus d’une dizaine de films documentaires qui portent sur la société chinoise contemporaine, la situation des femmes et les mouvements de défense des droits. Mais au moment d’écrire ce texte, j’ai pensé à autre chose.
En 2005, alors que j’étais à la recherche de la bande-son du film documentaire “Jardin du paradis” (Tiantang huayuan), j’ai lu le texte d’un musicien, Yang Dian, joueur de guzhen. Ce texte, qui m’a fait une forte impression, est intitulé “Chronique d’une cithare ensanglantée”. Selon Yang Dian, dans la Chine ancienne, à l’époque impériale, les plus grands musiciens s’opposaient à l’usage de la violence par le souverain ; ils s’opposaient de toute leur force jusqu’à devenir des martyrs. L’âme de l’instrument, c’est l’esprit de ces musiciens héroïques qui n’ont eu peur de rien et ont osé emprunter les chemins de la liberté.
Dans ce documentaire “Jardin du paradis”, une mère cherche la douloureuse vérité au sujet de sa fille qui a été violée jusqu’à la mort. Face au corps meurtri de sa fille, son coeur est détruit ; la douleur qu’elle éprouve est inhumaine. Pour conserver le corps, elle prépare elle-même la solution de formol. Au moment où le film s’achève, les suspects ont été acquittés, mais doivent verser la somme de 59 399,5 yuans au titre de compensation. Une décision éminemment contradictoire !
C’est cette même année que se produit l’affaire Sun Zhigang qui conduit à la modification de la loi chinoise[1]. Dans l’affaire Huang Jing [qui est le sujet du documentaire. NDT], la victime est une femme. De très nombreuses féministes se sont impliquées dans la campagne associée à cette affaire. Mais, aujourd’hui, si vous interrogez les étudiants chinois, la plupart ignorent la campagne courageuse qui a été menée, et qui d’ailleurs a finalement échoué.
Une première explication tient au fait que nous luttions pour l’égalité sociale par le moyen d’un mouvement de citoyens. Nous n’avions pas accès au système des connaissances juridiques.
Une seconde explication tient au fait que les cas de violation du droit des femmes sont nombreux et parfois bien plus graves, ou à une plus grande échelle que l’affaire Huang Jing. De sorte qu’il est difficile de focaliser l’attention des gens sur un seul cas.
Ce qui m’a encouragé à choisir la voie du documentaire, c’est ce cas précis de violence faite à une femme. L’idée que j’ai toujours à l’esprit est la suivante : ouvrir nos yeux les uns sur les autres.
Il nous faut voir.
Voir comment la vie d’un être humain peut ainsi être outragée.
Voir que l’on peut mourir sans sépulture parce que la justice n’est pas égale pour tous et que l’on néglige les violences faites aux femmes.
Dans cette partie du documentaire, j’utilisais la pièce de guqin intitulée “Hujia shiba pai” [pièce du répertoire classique en 18 mesures. NDT] pour souligner la douleur d’une mère qui a perdu sa fille. Mais cela n’est qu’un aspect. L’âme de ce documentaire, c’est le combat pour la justice sociale engendrée par la douleur. Le sang et la cithare, le documentaire et l’art entretiennent des relations inséparables.
En septembre 2005, j'ai filmé “Le village de Taishi” (Taishicun), une oeuvre consacrée aux élections dans un village de la province du Guangdong. Cette fois-ci, à nouveau, je ne savais pas que le film allait progressivement changer le cours de ma vie. Après sa réalisation, on m’a interdit de me rendre à l’étranger, puis, l’on m’a interdit de me rendre devant mes étudiants. Plusieurs des plus célèbres universités chinoises ne m’ont pas autorisée à donner des conférences. On a interdit à certains festivals de films indépendants de projeter mes oeuvres.
De tout cela, je ne me plains pas. Parce qu’en Chine, de nombreux auteurs et documentaristes ont connu très tôt un sort équivalent. Pour ma part, j’ai eu vraiment beaucoup de chance car avant de réaliser des films documentaires, pendant plus de vingt ans, j’ai été professeur d’université. J’ai eu de multiples opportunités d’échanges, de formation à la recherche universitaire. Et ces expériences m’ont donné l’énergie nécessaire pour me lancer dans le domaine du documentaire.
Je voudrais également dire que je suis particulièrement reconnaissante à la vie de m’avoir permis de devenir documentariste. Cela m’a appris à voir, à partager, à comprendre : dans notre société, qui est dure, les femmes supportent des douleurs que l’on a du mal à imaginer.
Dans le film “Chronique des plaines centrales” (Zhonggyuan jishi), des femmes du Henan, à cette époque à cause du développement à cette époque de ce qu’on a appelé “l’économie du sang”, ont donné leur sang, et ont été infectées par le VIH.
Dans “La maison des soins et de l’amour” (Guanai zhijia), des femmes et des enfants sont infectés à la suite d’une transfusion à l’hôpital au moment de la naissance.
Dans le film “Nos petits enfants” (Women de wawa), parce que [lors du tremblement de terre du Sichuan] leurs enfants ont été enterrés sous les décombres d’écoles construites en carton-pâte. Au comble de leur désespoir, les parents perdent l’envie de vivre. Moi-même, je n’aurais pas eu la force d’affronter tout cela. Pendant que j’éditais le film, je ne pouvais pas m’arrêter de fondre en larmes.
Toutefois, en filmant, pendant le montage, j’ai également vu beaucoup d’autres réalités. J’ai été témoin de situations qui m’ont encouragée et qui m’ont enthousiasmée : l’émergence de la passion et de l’action pour la demande des droits. Un proverbe chinois dit : au bord du précipice de la mort, on retrouve la faculté de vivre. Dans de nombreuses situations extrêmes, nous voyons des femmes dotées d’une vitalité et d’une créativité sans précédent. Que ces femmes soient des intellectuelles comme le professeur Gao Yaojie[2], de simples volontaires comme ceux qui figurent dans les “Une enquête citoyenne” (Gongming diaocha [dernier documentaire de Mme AI]), ou qu’il s’agisse des mères des enfants disparus dans notre film réalisé sur le tremblement de terre du Sichuan.
De mon point de vue, le combat pour les droits incarne l’âme du peuple chinois d’aujourd’hui. C’est là qu’est l’espoir de cette société. Le combat pour les droits doit être la pierre angulaire de l'art contemporain chinois.
Le cinéma a été inventé en France, il y a un siècle. Selon moi, si Simone de Beauvoir avait eu une caméra et avait réalisé des films, l’histoire de l’émancipation des femmes aurait été différente. Nous aurions pu nous rencontrer et nous stimuler l’une l’autre. Aujourd’hui, la diffusion de la technologie rend cela possible, permet que nous nous rencontrions ici.
Je remercie cordialement les organisateurs de la projection d’aujourd’hui, je remercie les spectateurs, je vous remercie, par l’intermédiaire de mes documentaires, de vous être intéressés à l’histoire de la lutte que mènent les femmes chinoises pour la conquête de leurs droits.
Traduction Gilles GUIHEUX
Copyright AI Xiaoming
[1] Sun Zhigang, jeune homme de 27 ans, diplômé de l'université de Wuhan, est mort le 20 mars 2003 dans un centre de détention (收容所 Shourongsuo). L'affaire avait alors fait les gros titres de la presse nationale. Sun, qui travaillait à Canton, avait été arrêté au titre du fait qu’il ne portait pas sur lui son permis de résidence (hukou). Le président Wen Jiabao annonça le 20 juin 2003 que les centres de détention seraient remplacés par des simples mesures pour assister les vagabonds et les mendiants (NDT).
Une fleur sous un ciel de neige
Texte de remerciements
AI Xiaoming
[Mme AI Xiaoming est lauréate du prix Simone de Beauvoir 2010. Empêchée de se rendre à Paris, Mme AI a fait parvenir ce texte, lu en son nom le lundi 11 janvier 2010]
Un soir, à la fin du mois de décembre, un appel téléphonique m’apprit que j’étais lauréate du Prix Simone de Beauvoir. Cette année, les deux lauréates sont chinoises : Mme Guo Jianmei, juriste à Pékin, et moi-même.
Lorsque je recevais cet appel, j’étais dans la salle d’attente d’une gare. J’étais trop légèrement habillée et je frissonnais. J’étais au milieu d’une foule de voyageurs encombrés de bagages. Les trains étaient retardés par un front froid venu du Nord.
Comment croire à une pareille nouvelle ?
J’ai ensuite envoyé des messages à ma famille et à mes amis. J’ai aussi informé mon université. Certains m’ont fait part de leurs chaleureuses félicitations. D’autres ont éclaté de joie. D’autres encore ne comprenaient pas. J’ai dû leur expliquer qui était Simone de Beauvoir, que son combat pour les droits des femmes ne se limitait pas à l’Europe, et ne s’arrêtait pas aujourd’hui, cent ans plus tard.
Qu’un prix d’une telle importance me soit attribué provoque chez moi un sentiment étrange. Je suis un peu gênée pour en parler. Ces dernières années, je n’ai pas eu une compréhension claire de ma propre situation. Parce que je réalise des films, mes amis avocats et moi-même avons été confrontés à la violence de la criminalité organisée, mais aussi à celle de la police officielle et de ses services spécialisés. Certains me disent : le jour où le filet se resserrera, il sera toujours temps d’aviser (je ne peux alors pas m’empêcher de penser à une scène d’un roman de Gabriel Garcia Marquez : un couteau à la main, un chef de clan cuisine une personne gênante en un plat de poisson aux légumes marinés ; ce mets, décoré de coriandre, est ensuite servi à un banquet officiel).
De ce point de vue, l’attribution de ce prix m’est très précieuse. En plein hiver, au coeur de la saison la plus froide, voilà qu’une fleur tombe du ciel. C’est un honneur comme on ne m’en avait pas fait depuis bien longtemps. Cette considération venue de loin est comme une bénédiction. Comme si la lumière des idéaux de Simone de Beauvoir soudain m’éclairait. Ma famille, mes amis, moi-même, nous savons que, malgré la paranoïa de tous les chefs de clan, l’indifférence généralisée, la prudence et l’isolement, nombreux sont ceux qui sont attentifs à notre action et nous soutiennent. Nombreux sont ceux qui partagent avec nous l’amour de la liberté, la liberté du poisson qui nage comme il l’entend, et l’amour de la dignité humaine, aussi immense que la mer agitée par les vagues.
À l’automne 2008, je suis venue en France pour participer à Paris au festival Shadows du cinéma chinois indépendant. Je marchais dans les rues de Paris avec un ami et celui-ci m’a emmené dans un café. Nous avons bu du rhum. À l’entrée garnie de feuillages et de fleurs, deux jeunes fillessouriantes, originaires du Moyen-Orient, nous ont laissés prendre des photos en guise de souvenir. C’est un de ces cafés qui jalonnent les charmants coins de rue de Paris. Mon ami m’apprit que c’était dans ce café, les Deux Magots, que Simone de Beauvoir et Jean Paul Sartre venaient discuter et écrire.
La remise du prix a lieu aux Deux Magots. Malheureusement, la police m’a empêchée de renouveler mon passeport et je ne peux pas être aujourd’hui présente parmi vous. Je me suis battu de toutes mes forces, mais ce fut en vain, et j’ai dû abandonner tout espoir d’être présente. Au même moment, dans notre merveilleux pays, surviennent tant d’événements majeurs. Un écrivain est mis en cause pour six articles qu’il a signés et est condamné à passer 4021 jours en prison ; alors que Shéhérazade n’a besoin que de 1001 nuits de contes pour échapper à son despote. Ailleurs en Chine, une femme chef d’entreprise, dont la maison était menacée de démolition, pour empêcher que sa famille ne soit battue par les voyous que recrutent les promoteurs, s’est immolée par le feu. Le premier jour de cette année, ma collaboratrice pour la réalisation des documentaires a été à nouveau arrêtée par la police. J’avais tellement envie de rédiger tranquillement ce discours de remerciements, mais j’ai été sans cesse interrompue par ces nouvelles. Devant l’avalanche d’événements imprévus, alors que le monde est partout en crise, je ne suis qu’un acteur très modeste.
Permettez-moi d’exprimer ma gratitude à tous les membres du comité de ce prix et en particulier à sa présidente, la professeur Julia Kristeva. Ce prix qui célèbre “la liberté des femmes” porte le nom d’une penseur et d’une combattante qui a immensément contribué à l’émancipation des femmes et des êtres humains. Aujourd’hui, vous accordez ce prix à une femme chinoise, simple universitaire, qui s’est récemment consacrée à la réalisation de films documentaires indépendants. C’est avec une grande humilité que j’accepte cette fleur venue du ciel.
Le refrain d’une chanson chinoise de l’époque de la guerre anti-japonaise dit : “Au mois de mai, les fleurs éclosent et viennent couvrir le sang des patriotes”. Voilà ce que cette fleur venue de la capitale de la liberté nous dit : la liberté et l’émancipation sont possibles.
Je remercie Simone de Beauvoir
Je remercie la fleur pleine d’esprit qu’elle m’envoie.
Alors que, dans ce nouveau siècle, la neige recouvre la Chine, une fleur vient éclairer notre chemin épineux vers l’honneur.
Le 5 janvier 2010
Traduction de Gilles GUIHEUX et XU Shuang
Copyright AI Xiaoming