lundi 3 janvier 2011

« L’autre, les autres, des autres »


Le nouveau projet littéraire pour enfants de Ludmila Oulitskaïa :
« L’autre, les autres, des autres ».


Le Big-bang et les tortues – Anastasia Gostiéva
Familles d’ici et d’ailleurs – Véra Timentchik
Voyage sur d’autres tables – Alexandra Grigoriéva
Rubans, dentelles, souliers – Raissa Kirsanova
aux éditions Eksmo/Roudomino et en collaboration avec l’Institut pour la Tolérance (Moscou)

Ludmila Oulitskaïa
Ludmila Oulitskaïa est l’auteur de nombreux livres de fictions, traduits et publiés dans plus de
trente pays et de pièces de théâtre mises en scène régulièrement en Russie et en Allemagne.
Elle écrit aussi pour les enfants, deux albums - « Le Miracle des choux et autres histoires »
et « Contes russes pour enfants » - sont parus en France chez Gallimard Jeunesse. Parmi ses
oeuvres les plus connues, « Les pauvres parents », « Sonietchka » - couronnée par le prix
Médicis étranger (1996) – « Le Cas du docteur Koukotski » (prix booker russe en 2001),
« Sincèrement vôtre, Chourik » ou encore « Mensonges de femmes », aux Editions
Gallimard.
De lectrice aimant lire, je suis devenue écrivain, en travaillant pour la radio et le théâtre. Et
en rédigeant des pièces pour enfant, raconte-t-elle : elle est aujourd’hui l’écrivain russe la
plus lu dans le monde.



Le Projet et ses auteurs
Le projet de livres pour enfants (10-12 ans), orchestré par Ludmila Oulitskaïa aux Editions
Eksmo et Roudominio en 2006, réunit quatre textes autours d’un thème commun : « l’Autre ».
Le dessein de cette collection : parler avec des mots simples des problèmes du monde actuel,
expliquer la diversité des modes de vie, des points de vue, des traditions, des croyances.
En invitant des spécialistes (professeurs, scientifiques, écrivains) et amis, à traiter du sujet de
leur choix – la cosmogonie, la famille, la nourriture, les costumes - Ludmila Oulitskaïa veut
donner aux enfants des informations sur divers aspects de l’existence et montrer, c'est-à-dire
« expliquer », que la représentation que nous avons d’une chose peut être différente d’une
personne à l’autre, d’un peuple à l’autre, d’un pays à l’autre.
Bien que truffés de données géographiques et historiques, ces ouvrages ne sont pas
simplement « encyclopédiques », ils renferment une dimension morale, l’intention sousjacente
de bousculer, grâce à la connaissance, les préjugés sur le monde.
« L’autre, les autres, des autres » est le projet de comprendre ce qui n’est pas nous,
d’apprendre quelques notions de tolérance à travers de courts récits et l’expérience « en
miroir » d’un jeune garçon nommé Kirill – autours duquel l’histoire s’organise dans les trois
premiers livres.
Les sujets abordés par le héros et les personnages secondaires sont éminemment actuels : il est
question de racisme, de familles recomposées et d’homosexualité, d’aliments génétiquement
modifiés et des dictats de la mode. Le but est peut-être simplement de faire naître à l’esprit
que la vie est multiple et que son intérêt vient précisément de là.
L’accent est mis aussi sur la qualité des illustrations. Chaque livre a son propre illustrateur qui
lui confère une atmosphère originale. On doit ce travail soigné en partie à l’implication de la
romancière russe et à l’empreinte toute personnelle qu’elle a laissée sur cette collection.
Une autre série d’ouvrages est déjà prévue aux Editions Eksmo, qui traitera des relations entre
les sexes, de la vie et de la mort, des professions et des différentes classes sociales.


Présentation



Une mystérieuse maison, un étrange professeur, un oiseau au plumage irréel : pour Kirill,
jeune garçon de douze ans, habitué aux voyages et… à la lecture d’Harry Potter, une aventure
se profile, qui lui ouvre la porte de Samaïl Guéorguévitch - « coordinateur » de l’Univers -
dont la tâche est de veiller à maintenir la paix entre les peuples et entre leur histoire, leurs
dieux et leur culture. Dans la maison du vieux professeur, truffée d’animaux et d’objets
fantastiques, Kirill apprend la multiplicité des points de vue sur le monde et sa formation, la
diversité des mythes cosmogoniques et de leur interprétation. Dans « Le Big-bang et les
tortues » - il n’y a plus de certitudes : les théories scientifiques paraissent aussi douteuses que
les croyances chamanes. Une première leçon de tolérance qui sonne comme un éloge du
doute.
« Familles d’ici et d’ailleurs », raconte l’amitié de Kirill avec un jeune garçon abkhaze,
nommé Daout. Au-delà de leurs différences, les liens qu’ils nouent peu à peu leur permettent
de découvrir le milieu familial de « l’autre » et ses traditions. A travers l’oeil de chacun des
deux enfants, des différences de vie fondamentales se font jour et étonnent. Comment
comprendre la notion moderne de famille recomposée lorsque l’on vit comme Daout dans une
famille très patriarcale ? Leurs discussions animées et les informations qu’ils recueillent, au
fil de l’histoire, sur les nombreuses structures familiales, le mariage et ses rites, l’hérédité et la
fraternité, font curieusement évoluer leurs rapports et ceux de leurs proches…
Marina, la mère de Kirill, est anthropologue et son goût pour les expériences ne la quitte pas
même à l’heure du repas, où elle pousse le garçon à entamer un étonnant « Voyage sur
d’autres tables ». La peur de l’inconnu, comme des nouvelles saveurs ou habitudes culinaires
se dompte par le savoir : alors, de l’histoire du pop-corn (dont on apprend que les aborigènes
d’Amérique le consommait déjà) à celle de la pomme de terre et du pain, Kirill découvre des
fruits mystérieux, dangereux ou nauséabonds et des pratiques traditionnelles insolites pour un
jeune russe, et pourtant délicieuses. Assis, debout ou allongé. Avec les doigts, des baguettes,
des couverts. Tout est acceptable, une seule limite à la tolérance : « Les hommes ne doivent
pas se manger entre eux » ni au sens propre, ni au figuré.


« Rubans, dentelles, souliers » occupe une place à part dans cette série de livres. Raissa
Kirsanova, célèbre spécialiste de l’histoire des tissus et de la mode, a choisi de s’éloigner du
personnage de Kirill et de raconter, d’une manière ludique, l’apparition des différents
costumes, leurs significations culturelles ou sociales. Elle nous fait rencontrer la plus étrange
des chaussures et l’ancêtre du jeans, remonter la route de la soie et percer le secret bien gardé
des chinois. Il ressort de tout cela : un tourbillon de couleurs, de matières et d’anecdotes
cocasses, et puis l’idée que chacun doit porter ce qu’il aime, sans que « les autres » élèvent un
geste d’hostilité.
Marina Berger - Traductrice littéraire russe-français
5, rue André Lhote 33950 Lège Cap-Ferret
Tel : 06.89.85.00.46
E mail : marinaberger.traductrice@orange.fr